Tribune de JJ MAMBA : « Il n’est pas moins vrai que la dictature désormais institutionnalisée en RDC, tout pouvoir excessif meurt par son excès même, plus de 1,5 milliards de dollars américains investis dans la guerre en 2 ans, sans résultat aucun, la criminalité urbaine et juvénile s’amplifie, et les milices à la solde du pouvoir », quelques mots clés de la tribune

C’est sans traitement de la part de la Rédaction !

TRIBUNE

JEAN JACQUES MAMBA

Remettre en question notre propre leadership

Préambule

Après 17 ans d’engagement politique au sein du MLC, il est venu pour moi le temps de remise en question de la gouvernance de notre pays, dans tous les secteurs de la vie nationale. M’ayant astreint à cet exercice obligatoire d’auto-évaluation qui s’impose à nous et jouissant désormais du privilège de la pensée libre, j’ai décidé de me relancer (repositionner) politiquement pour contribuer modestement, au changement réel, tant souhaité, et qui tarde à venir pour notre peuple.

Je considère que pour le bien de notre pays et son devenir, nous nous devons de cesser de nous conforter dans une position victimaire et à la place, nous questionner sur la façon dont nous avons opéré des choix sur le leadership de notre pays.

Trop de pouvoir est source d’excès et d’abus, dit-on. Et Casimir Delavigne (1793-1843), dramaturge français de renchérir : « Tout pouvoir excessif meurt par son excès même ». L’hyper présidentialisme de facto, institué en marge de lois de la République et en violation du principe de séparation des pouvoirs a conduit le Chef de l’État à être présent sur tous les fronts et à avoir, dans la conduite des affaires publiques, une supériorité sur le Premier ministre, sur le Parlement et la Justice et, in fine, à renforcer son pouvoir au détriment des autres pouvoirs. Il a opéré dans la foulée, une désarticulation volontaire et voulue de l’architecture institutionnelle par la création de ses multiples agences qui ont fini par neutraliser toute action publique en faisant fonction de gouvernement parallèle.

L’hyper présidentialisme congolais a fini par atrophier et inféoder toutes les autres institutions, désormais soumises au diktat d’une nébuleuse appelée « Présidence de la République », qui n’est pas une institution légalement établie, mais dont la plupart de membres sont présents partout, même là où ils ne sont pas attendus, tentant abusivement d’influencer le cours des événements.

C’est ce « croque-institution », au demeurant extra légal, qui régente tout, fixe tout, oriente tout et règle tout à tous les niveaux, au prétexte de matérialiser ce qu’ils appellent la « vision du Chef de l’État », devenu une sorte de monarque républicain. Qui plus est. Mépriser les arrêts de sa propre cour constitutionnelle sur les incompatibilités entre l’exécutif et le législatif est une manière claire de démontrer qu’au-dessus des lois de la République, il y a la volonté du président TSHISEKEDI.

Ses choix, ses engagements, sa diplomatie et l’absence d’intelligence des situations à la faveur de nos difficultés, et ce, dans tous les domaines, auront été la plus grande faiblesse du leadership mieux la cause de sa faillite individuelle ces 5 demi ères années.

Sécurité Nationale

Pendant que, pour dissimuler sa faillite, le Président de la République et son gouvernement enfument le peuple dans une lecture erronée de la crise dans l’Est et se défont de toute responsabilité qu’ils font porter au monde entier et en particulier au Rwanda, plus de 200 autres groupes armés sévissent en toute impunité, et dans l’ITURI, malgré l’état de siège, les ADF, CODECO et autres restent maitres des lieux sans que le gouvernement ne dise mot.

Plus de 1,5 milliards de dollars américains investis dans la guerre en 2 ans, sans résultat aucun. Il est temps d’investir dans la paix et d’utiliser rationnellement nos ressources pour le bien-être de nos populations en ayant une approche globale guidée par une vision transversale assortie d’une intelligence des situations adaptée aux réalités du terrain et du monde.

Dans la capitale nationale, la criminalité urbaine et juvénile s’amplifie, et les milices à la solde du pouvoir écument les rues et y font la loi. Les jeunes se droguent, tuent et s’entretuent à la machette.

Finances publiques

Assiégées par la famille présidentielle, les finances publiques sont apprivoisées en procédure d’urgence pour des dépenses non traçables : plus de 50% des dépenses publiques sont concernées.

Le Président de la République s’accommode des déficits abyssaux (600 millions USD en 2022) et des détournements sont opérés à son instigation et bien souvent, avec sa couverture depuis le projet 100 jours à aujourd’hui. Le Chef de l’État est devenu le braconnier de la République qui orchestre les détournements : 300 millions des pas de porte versés par la SICOMINES sans traces sur le compte du Trésor.

Les marchés publics quant à eux, deviennent des chasses gardées familiales et claniques (Francophonie…) s’attribuant de gré à gré sur simple coup de fil du clan familial présidentiel et de l’entourage du Président, alors que pour l’économie Nationale le président de la République affirme avec tout le sérieux du monde qu’il est lui-même attristé de voir le dollar grimper, (aujourd’hui près de

2800 CDF) et que ce n’était pas la première fois que le congolais souffre de la conjoncture sans parler d’aucune mesure prise pour arrêter l’hémorragie parce que dit-il « ce n’est pas mon domaine »

Élections

Au-delà de nous désunir, la parodie d’élection orchestrée en 2023 en 7 jours, sans compilation et avec plus de 1000 machines à voter distribuées à des tiers, a eu le mérite de planter dans l’imaginaire collectif et de manière très marquée, l’idée selon laquelle, les élections ne sont qu’une formalité de validation ou de légitimation de ceux qui détiennent le pouvoir rendant ainsi toutes les institutions issues de cette parodie illégitime.

Dictature et Tribalisme exacerbe

Le tribalisme, depuis 1960, ne s’est jamais aussi bien porté que sous l’ère TSHISEKEDI les responsabilités découlant des nominations de la présidence dans les entreprises publiques, le gouvernement, les cours et tribunaux, l’armée, la police, les services publiques en général, ne laissent aucune chance aux statistiques de contredire un lien de corrélation parfaitement tribale et abusivement excessif au profit des kasaïens.

Il n’est pas moins vrai que la dictature désormais institutionnalisée en RDC, avec sa cohorte de pratiques coercitives et d’intolérance, ne laisse plus place à l’exercice de la libre pensée ou l’action politique contestataire, pacifique soit-elle, et expose à des représailles de toutes sortes, allant de l’assassinat à la privation de liberté, à des menaces ou à l’exil.

En ce 21ême siècle, comment pourrions-nous nous accommoder de la pensée unique, bien au regard du retour de l’expérience politique de ces cinq demi ères décennies si elle n’a produit aucun résultat probant en dehors des slogans et des élucubrations et que, in fine, la plus grande innovation du dernier quinquennat est l’édition de l’ouvrage répertoriant les promesses fallacieuses du garant des institutions.

Les 32 années prétendument de lutte révèlent en épilogue une supercherie caractérisée par l’impréparation, l’absence d’éthique et du sens de l’État, l’enrichissement illicite et rapide, la volonté de puissance, la démagogie, la malhonnêteté, l’escroquerie (cas de RAM), les incohérences, la brutalité, le non-respect des engagements pris au nom de l’Etat dans des circonstances généralement opaques, cas du M23, invité et loge à Kinshasa.

Conclusion

Ce pays appartient à tous les congolais et le pouvoir n’est pas qu’un privilège. Le caractère ostentatoire et onéreux de la demi ère investiture couplé du discours de la première dame, laissent poser la question du sens de responsabilité …dans un pays occupé et en guerre ; les autorités doivent avoir le sens de la mesure et de la retenue.

Mes salutations à STANI, MUKEBAYI, KABUND et tous ceux dont la liberté d’opinion est heurtée à la mésinterprétation des lois relatives à l’offense au chef de l’État, crime de lèse-majesté aujourd’hui, alors qu’hier, et durant 32 ans, ce crime était la raison d’exister du parti présidentiel actuel, au demeurant, c’est le parti le plus intolérant de l’histoire de notre démocratie.

Opposant désormais, je suis.

Jean Jacques MAMBA

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Aristote Badiawe

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